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« Au Saut du Livre » du 7 décembre 2013

Tout comme l’année précédente, nous avons souhaité ne présenter qu’un seul roman pour clôturer l’année 2013 . C’est notre collègue Elsa Sfartman, qui est venue nous faire (re)découvrir l’auteur cubain Alejo Carpentier et son roman Le partage des eaux.

Récit de voyage autant que d’initiation, Le partage des eaux relate l’histoire d’un musicien peu épanoui, vivant dans une grande métropole, entre sa femme actrice et sa maîtresse, Mouche. Sa vie va changer lorsque lui est confiée la tâche de trouver d’authentiques instruments issus de la culture amérindienne, tâche pour laquelle il devra se rendre au fin fond d’une jungle (vénézuelienne ?) où vivent des indigènes non encore corrompus par l’occidentalisme frénétique. À partir de ce moment, tous ses codes et ses repères vont s’effondrer et il va trouver in fine  un sens à sa vie, et surtout, l’inspiration qui lui faisait défaut lorsqu’il était encore « en ville ». Il tombe amoureux de Rosario, une indigène, et semble avoir trouvé la paix intérieure. Ce répit ne sera que de courte durée. En effet, l’épouse du héros le retrouve et le rapatrie, une fois qu’il donne son accord pour revenir à la civilisation, un accord partiel puisque le jeune homme compte revenir au village dès qu’il aura acheté le papier à musique qui lui manquait là-bas pour composer son chef d’œuvre. Hélas, le voyage retour ne se passe pas aussi bien que le premier, la crue du fleuve ayant fait disparaître le passage par lequel on pouvait rejoindre le village. Lorsque, quelques mois plus tard, il retrouve Rosario, c’est pour apprendre qu’elle en a épousé un autre. L’écriture de l’auteur peut être qualifiée de « baroque », en ce sens qu’elle foisonne de mots tous plus savoureux les uns que les autres, savants ou non, avec un vrai travail sur le rythme et les sonorités. Métaphores filées, notamment sur l’eau et la musique, effets de crescendos syllabiques, richesse de la langue, tout concourt à faire de ce roman une pièce de bravoure verbale. L’écriture est fluide cependant, et décrit avec force à la fois les paysages et les protagonistes, la grande ville et le village dans la jungle.

Nous avons évoqué les thèmes incontournables de l’œuvre de Carpentier :

– Le « réel merveilleux ».

– Le héros dont on ignore le nom, qui est en fait l’alter ego de l’auteur : comme lui, il est musicologue.

– L’origine de la musique : imitation des bruits de la nature et sons des matériaux utilisés par les tribus indigènes.

– Le contraste civilisation avilissante des grandes villes / pureté de la jungle sud-américaine. Ruth et Mouche sont les femmes occidentales, avec lesquelles il n’entretient qu’une relation superficielle et de circonstances. Rosario est la personnification d’une sphère géographique  métissée (Amérique du Sud).

–  L’allusion au mythe de Sisyphe et à Prométhée, Faust et Ulysse.

 

Cette année encore, nous tenons à remercier les participants au Saut du livre, toujours plus impliqués et passionnés, et nous leur donnons rendez-vous le samedi 8 février 2014 à 10h30, avec les trois titres suivants :

 

  • Il faut qu’on parle de Kevin de Lionel Shriver
  • Moins que zéro de Bret Easton Ellis
  • Comment va la douleur de Pascal Garnier

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