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« Au Saut du Livre » du 19 octobre 2013

Cette séance du 19 octobre 2013 fut celle des « lectures croisées », en partenariat avec nos collègues américains de Mount Prospect, qui ont présenté à leurs lecteurs deux ouvrages en commun avec nous : « Bois sauvage » et « Comment Proust peut changer votre vie ».

C’est par « Bois sauvage » de Jesmyn Ward, l’ouvrage proposé par les américains, que nous avons débuté.
Le roman met en scène une famille d’afro-américains, les Batiste, qui vit dans l’extrême pauvreté. Ils habitent à Bois Sauvage, dans l’état du Mississippi dans un lieu dit qui s’appelle « la fosse ». Nous sommes en août 2005, la tempête Katrina approche. Le roman débute 12 jours avant que ne se déclenche cette tragédie.
L’œuvre est rédigée dans une langue très crue, à la fois dépouillée et poétique.
C’est à travers les yeux de la narratrice, Esch, quatorze ans, que nous est présenté l’univers de misère et de désoeuvrement dans lequel les personnages évoluent.
A cette violence, s’oppose beaucoup de tendresse, de solidarité et d’humanité.

Différents documents autour de ce thème :

« Les Bêtes du sud sauvage » film de Benh Zeitlin

« Treme » série télévisée américaine

C’est à l’occasion du centenaire de la publication du premier tome d’A la recherche du temps perdu (« Du côté de chez Swann » parait en novembre 1913) que nous avons voulu proposer ce livre humoristique qui présente Marcel Proust, monstre sacré de la littérature s’il en est, de manière légère et amusante, afin de célébrer cet anniversaire et donner envie de s’y plonger à ceux qui ne l’ont pas (encore) lu !
En effet, en deux cents petites pages, Alain de Botton ose le pari fou de présenter l’œuvre et la vie de Marcel Proust tout en nous faisant rire ! Ce projet iconoclaste n’a pas manqué de susciter quelques réprobations parmi les lecteurs les plus proustiens et en a enthousiasmé d’autres, conquis par l’humour décalé de de Botton. Quoi qu’il en soit, ce petit traité sans prétention, qui se lit sans peine, peut se comprendre comme une introduction à l’œuvre fleuve de Marcel Proust, ce qui est déjà beaucoup !

Ce fut ensuite le tour du roman « Le Dîner » de Herman Koch.
Deux frères accompagnés de leurs épouses se sont donnés rendez-vous dans un restaurant branché d’Amsterdam, mais très vite l’ambiance festive va laisser la place à une situation plus houleuse voire dérangeante…
Dans un huis clos oppressant, Herman Koch dresse dans « Le Dîner » le portrait de personnages complexes en conflit avec les valeurs morales les plus élémentaires et confrontés à cette question cruciale : doit-on préserver nos enfants à tout prix ?
La violence sous-jacente tout au long du roman confère à celui-ci un caractère dramatique qui a suscité beaucoup de questionnement parmi nos lecteurs. Un livre provocateur à déguster sans modération !

D’autres huis clos :

« Le dieu du carnage » pièce de théâtre de Yasmina Reza

« Carnage » film de Roman Polanski

« Les porteurs de glace » roman de Anna Henquist

« Petits meurtres entre voisins » roman de Saskia Noort

Pour terminer cette séance, nous avons discuté de « Maleficium » de Martine Desjardins, une curiosité littéraire qui nous vient du Canada. Cet étrange petit ouvrage, entre fable exotique et exercice de style décadentiste, se présente en effet comme un recueil de confessions réunies par un certain abbé Jérome Savoie, recueil maudit et hérétique qui met en scène la déchéance de sept personnages, tous victimes d’une étrange femme à la lèvre fendue, qui s’exprimera dans le dernier chapitre du livre. Le parti pris du fantastique fin-de-siècle, avec ses ambiances lascives et orientales, son verbe finement ciselé et ses préciosités de langage, est évident et revendiqué par l’auteur, qui a voulu ainsi rendre hommage à l’imaginaire comme fondement de la fiction. Nous explorons ainsi pendant huit chapitres autant de lieux bizarres que de perversions étranges, avec au centre la figure énigmatique de cette femme tentatrice, femme-démon, qui pousse les hommes dans leurs retranchements et inéluctablement à leur perdition.

Quelques ouvrages fin-de-siècle :

« La jardin des supplices » roman d’Octave Mirbeau

« Monsieur de Phocas » roman de Jean Lorrain

« A rebours », « Là-bas » romans de Huysmans

« Les diaboliques » nouvelles de Jules Barbey d’Aurevilly

 
Coups de cœur des lecteurs :

« Petite Poucette » de Michel Serres

« Journal 1942-1944 : Suivi de Hélène Berr, une vie confisquée » de Hélène Berr

 
Prochain rendez-vous le 16 novembre 2013, avec au programme :

« Maîtres anciens » de Thomas Bernhard

« Les Oiseaux » de Tarjei Vesaas

« Adèle et moi » de Julie Wolkenstein

« Le Violon noir » de Maxence Fermine

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