header

“Au Saut du Livre” du 15 juin 2013

Pour la dernière séance de la saison, nous avons commencé par « Corpus delicti » un roman d’anticipation de la jeune allemande Juli Zeh.
Dans un futur proche, la Méthode a éradiqué la maladie, et la société baigne dans la perfection d’un monde écologiquement « régénéré ». Mais la jeune biologiste Mia Höll commence à douter du bien-fondé de cette Méthode lorsque son jeune frère se pend dans sa cellule suite à une incarcération pour un viol qu’il a contesté jusqu’au dernier moment. Au fur et à mesure, Mia va se radicaliser et remettre en cause cette soi-disant perfection qui déshumanise les hommes au nom de la santé, de la sécurité et du confort absolu. Renouvellement radical du roman dystopique dans la lignée du «1984» d’Orwell, « Corpus delicti » a enthousiasmé nos lecteurs, qui ont apprécié ce roman spéculatif intelligent et captivant.

Sur le même thème :
« 1984 » George Orwel

« Le meilleur des mondes » Aldous Huxley

« Soleil Vert » – film de Richard Fleischer

Sous la forme d’un roman polyphonique, «Certaines n’avaient jamais vu la mer », le texte de Julie Otsuka, petite-fille d’immigrés japonais, lève le voile sur un pan ignoré de l’histoire des Etats-Unis, à savoir l’arrivée au pays de l’Eldorado, de milliers de jeunes japonaises mariées à des hommes qu’elles n’ont pas choisi. Leurs voix racontent leur vie misérable, l’arrachement à leur culture, la difficile intégration mais surtout les déportations massives durant la seconde guerre mondiale.
Aux destins tragiques de ces femmes, aucun de nos lecteurs n’est resté indifférent ; et tous ont été sensibles à l’utilisation du « nous » collectif qui permet de réunir en un seul corps la destinée des ces japonaises.

Sur le thème de l’immigration japonaise aux Etats-Unis :
« Un homme est passé » – film de John Sturges

Ensuite, nous avons découvert un petit roman étonnant, un roman miniature, « Le cran d’arrêt » d’ Emmanuèle Bernheim. Une jeune femme frappe un homme avec un cran d’arrêt dans le métro. Cet événement va la révéler à elle même et la transformer : elle va vouloir savoir qui il est, le rencontrer et l’aimer. Intrigue presque kafkaienne, écriture rapide et minimaliste, mise en scène des pulsions contradictoires de l’amour et de la violence, ce roman de la surface fait jouer les personnages et les objets sur le même niveau, laissant le lecteur étonné et ravi devant ce travail d’orfèvre, qui révèle toute l’ambiguïté des sentiments et des comportements humains.

Autre roman minature :
« Les belles endormies » – Yasunari Kawabata

Pour conclure notre dernière séance, nous avons choisi de présenter le roman « Un chien stupide » du grand écrivain américain John Fante. Nous y rencontrons Henry Molise, scénariste raté, qui découvre dans sa propriété, au retour d’un entretien professionnel peu concluant, un énorme chien japonais affublé du sobriquet « stupide » qui le définit à la perfection. Pur cliché de la famille américaine des années 50, cette tragi-comédie met en scène des personnages où chaque trait de caractère est exagéré. Du père, écrivain minable dont le seul rêve est de tout plaquer, à la mère raciste et entièrement dévouée à ses enfants, en passant par les enfants pas toujours recommandables, l’ambition de John Fante est de démolir dans ce texte l’idyllique « american way of life ». Et il y réussit avec brio !

Sur le même thème :
Charles Bukowski (œuvres complètes)

Ainsi se conclut cette saison d’ « Au saut du livre », qui reprendra en le 19 octobre, avec au menu les deux livres des Lectures Croisées, ainsi que deux autres ouvrages captivants :

« Bois Sauvage » de Jesmyn Ward (Lectures Croisées 2013)
« Comment Proust peut changer votre vie » de Alain de Botton (Lectures Croisées 2013)
« Le Dîner » de Herman Koch
« Maleficium » de Martine Desjardins

Laisser un commentaire

*

Assistance technique | Site réalisé par Ecedi