Pour débuter cette séance d’« Au saut du livre » du 18 mai, nous avons pris l’option de présenter la nouvelle de Kathrine Kressmann Taylor écrite en 1938 et intitulée « Inconnu à cette adresse ». Cet échange épistolaire (dix-neuf lettres), entre deux amis et associés, l’un juif et vivant à San Francisco et l’autre rentré en Allemagne, retrace la montée du nazisme en Europe. Bouleversante et prémonitoire, cette nouvelle pose la question de la nature humaine et de la tragédie du nazisme. En 90 pages, elle réussit le tour de force de laisser le lecteur abasourdi et sous le choc !
Le second livre présenté est une peinture acerbe de l’Amérique des années 70 à travers l’histoire de trois pom-pom girls durant un camp de vacances. Ce roman de Laura Kasischke, « Rêves de garçons », nous plonge dans un univers peuplé d’adolescents. Séduisantes et aguicheuses, les trois jeunes filles vont croiser le regard de deux garçons au cours d’une escapade dans une mustang décapotable. Simple rencontre en apparence, mais un événement en cours de route va vite faire tourner l’histoire au cauchemar… Véritable plongée dans l’angoisse, ce livre, au suspens grandissant, peut nous faire penser à un polar psychologique ou à un film d’horreur.
Ensuite, nous avons abordé la littérature anglaise contemporaine avec « Jardin de Ciment », premier roman de Ian McEwan, publié en 1978. Ce huis clos raconte la vie de quatre orphelins, qui, le temps d’un été étouffant, sont livrés à eux-même après la mort de leur mère, qu’ils ont enterré dans la cave. Ils se recréent un monde à eux, livrés à leurs pulsions les plus inavouables. Ce roman coup de poing a beaucoup choqué à sa sortie et continue de choquer mais il est la première pierre d’un édifice littéraire hautement reconnu aujourd’hui.
Et pour terminer nous avons discuté du livre de Pär Lagerkvist « Le bourreau ». Ecrivain suédois né au 19ème siècle, ce prix Nobel 1951 a connu la tragédie de la première guerre mondiale. Son œuvre profondément pessimiste et angoissée est une interrogation sur le Mal et le sens de l’existence après « la mort de Dieu ». Dans cette longue nouvelle, la figure du Bourreau se tient en retrait dans une taverne, tandis qu’autour de lui s’agite la foule bigarrée des hommes, fascinés et révulsés par l’exécuteur des hautes œuvres. Dans un style lyrique et profondément poétique, Lagerkvist dresse la fresque d’une humanité en déshérence, dans une fable mythologique qui rappelle Dostoievski et le prophétisme de Nietzsche.
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Voici enfin pour terminer quelques suggestions de lectures et de films liées aux thématiques abordées lors de cette séance :
« Matin brun » de Franck Pavloff
« Adieu à Berlin » de Christopher Isherwood
« Méphisto » film de István Szabó
« Nobody Knows » film de Kore-Eda
« Elephant » film de Gus Van Sant
« Virgin Suicides » roman de Jeffrey Eugenides, film de Sofia Coppola et
« Sa Majesté des Mouches » roman de William Golding, film de Peter Brook
« Les Géants » film de Bouli Lanners
« Les Frères Karamazov » roman de Dostoievski
« Le septième sceau » film de Ingmar Bergman
Prochain rendez-vous le 15 juin 2013, avec au programme :
« Corpus delicti : un procès » de Juli Zeh
« Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka
« Le Cran d’arrêt » de Emmanuèle Bernheim
« Mon chien stupide » de John Fante
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