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« Au Saut du Livre » du 9 février 2013

Pour la reprise des séances d’Au Saut du Livre, l’éclectisme était au rendez-vous : de la toundra sibérienne des Tchouktches à la moiteur sud américaine en passant par les quartiers chauds de Tokyo, nos lecteurs ont eu la possibilité de découvrir des mondes extrêmes grâce à la puissance de la littérature !

Cette séance a débuté avec « L’Invention de Morel », conte métaphysique de Adolfo Bioy Casarès, qui narre les aventures d’un fugitif réfugié sur une île isolée, soudainement investit par une troupe de touristes qui ne semblent pas remarquer sa présence, même lorsqu’il cherche à entrer en contact avec l’un d’eux, la belle Faustine, femme fatale qui se révélera inaccessible. Court roman fantastique préfacé en 1940 par Borges, ami de l’auteur, et dont on a pu dire que l’intrigue était « parfaite et géométrique », ce texte qui mêle inventions futuristes et recherche de l’immortalité, a suscité des réactions contrastées, certains lecteurs trouvant le texte dense, touffu et ardu, n’ayant pu de ce fait entrer dans l’histoire. Ils ont d’ailleurs apprécié les explications et l’analyse du roman fait lors de la séance, qui leur a donné un éclairage nouveau sur l’intrigue et le sens de l’œuvre.

Nous avons poursuivi avec une plongée dans une culture et une littérature inédite grâce au deuxième roman proposé pendant cette séance. Né d’une famille d’éleveurs de rennes vivant à l’extrémité orientale de la Sibérie, Omruvié, instituteur puis journaliste tchouktche, nous livre dans cet ouvrage intitulé « Eleveurs de rennes » la vie de son peuple voué à disparaître avec la collectivisation soviétique. Sans jugement ni parti pris, Omruvié évoque la vie des éleveurs dans toute leur authenticité : les tensions, les jalousies, les vols, la dureté de l’existence font partie du quotidien des tchouktches. Ce petit roman ethnologique a fait l’unanimité parmi l’assemblée présente. Rien d’étonnant puisqu’il nous donne à lire dans le cœur des hommes !

Il n’est plus nécessaire de présenter Véronique Ovaldé, l’auteur du troisième roman proposé. Ecrivain à succès et connue dans le milieu littéraire comme « la reine du mot juste », elle nous livre avec son septième ouvrage « Ce que je sais de Vera Candida », le destin tragique de trois femmes d’une même lignée et promise au même destin : être mère célibataire d’une fille et ne pouvoir révéler le nom du géniteur. Sorte de roman initiatique, « Ce que je sais de Vera Candida » nous enseigne la persévérance et l’espoir. Située dans une Amérique du Sud imaginaire, cette fable humaniste est entièrement consacrée à la féminité et à la maternité. Les hommes n’y ont pas vraiment le beau rôle, ils sont lâches, peu honnêtes, capables du pire…  à l’exception d’un certain Itxaga, qui redonnera espoir dans la gente masculine. D’une grande fluidité, d’un rythme pétulant et d’une écriture ensorcelante, ce récit a transporté nos lecteurs. Ils ont surtout apprécié la justesse des mots qui nous emportent, la force du récit et ont été captés par les personnages.

Nous avons terminé cette séance avec « Miso Soup » un roman terrible de Ryu Murakami, auteur phare de la jeune génération japonaise, enfant terrible du nippon d’après-guerre, qui met en scène dans son œuvre toutes les pathologies contemporaines de son pays : prostitution étudiante, suicide, aliénation, isolement, violence et autres phénomènes illustrant la déréliction d’une société moderne minée par le vide, l’ennui, la consommation de masse et l’apathie généralisée. Métaphore de l’effondrement moral d’un Japon fasciné et refaçonné par une Amérique triomphante mais également malade, « Miso Soup » est la rencontre entre un jeune guide japonais et un touriste américain qui désire visiter le quartier chaud de Tokyo. S’ensuit une série de meurtres atroces, prétexte à une description quasi clinique de la déchéance de l’humanité japonaise actuelle. 

 

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Très heureux de reprendre nos petits-déjeuners littéraires avec les passionnés de lecture de la bibliothèque, les échanges furent nombreux et plein d’enthousiasme, augurant d’une nouvelle année riche en découvertes.

Voici enfin pour terminer quelques suggestions de lectures et de films liées aux thématiques abordées lors de cette séance :

« L’invention de Morel » film de Claude-Jean Bonnardot

« L’année dernière à Marienbad » film de  Alain Resnais

« L’Aleph » de Borgès

 

« Unna » de Youri Rytkhéou

«  Peaux de phoque » de Veqet

« Belek, une chasse dans le haut Altaï » de Galsan Tschinag

 

 « Eva Luna » de Isabel Allenda

 « L’élégance des veuves » de Alice Ferney

 « La fille sauvage » de Jim Fergus

 

« American Psycho» de Bret Easton Ellis

«Audition» de Takeshi Miike 

«Tokyo Decadence» film de Ryu Murakami

« Love & Pop » de RyuMurakami

 

Prochain rendez-vous le 6 avril 2013, avec au programme :

 

« Le désert des Tartares » de Dino Buzzati

« Le Jeu du pendu » de Aline Kiner

« La Salle de bain » de Jean-Philippe Toussaint

« Mal de pierres » de Milena Agus

 

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